L’épaisse brume

L’épaisse brume terrasse les épis de blé qui peinent à se tenir debout dans le froid glaçant et humide d’un lever de soleil timide et effacé.
Plongé dans le gris…même taille , même couleur, même densité. Rien à reconnaître. On s’épuise à naviguer, à sortir de cet endroit maussade.
On pense deviner les contours, mais en se rapprochant les silhouettes s’éloignent, les formes s’évanouissent encore et encore. Affolée dans un épais brouillard. Pas d’issue. Personne à qui demander de l’aide. Pas de mains réconfortantes à attraper. Pas de paroles apaisantes à engloutir. Rien à se mettre sous la dent. Pas de baume à se passer sur le cœur. Seulement cet épais brouillard, cette solitude, cette petitesse. Une tristesse qui fige tous les sens. Une fourmilière qui engourdit tout le corps. Une paralysie totale et douloureuse. Une atrophie de l’envie. Un vide, un manque, un gouffre profond et obscur. Le néant, rien.

Un matin, alors que les premiers instants du jour laissaient présager l’inlassable routine tenace, le soleil inonda les champs. Les épis de blé flottent à présent dans un nuage léger et vaporeux d’un lever de soleil chaud et moite. Les gouttelettes de rosée, paillettes champêtres, brillent, scintillent, titillent les pupilles. Le chant des oiseaux, la mélodie du bonheur. Une température qui réchauffe le cœur, telle une bouillotte au fond du lit qui rassure. L’audace de chaque détail qui prend sa place, aux yeux du monde. Les battements assourdissants d’un cœur qui reprend sa marche. Le fracas du tonnerre quand une âme ressuscite. Tout devient beau. L’espoir vibrant engloutit les heures. L’extase éclatante
berce les nuits. Et soudain, tout.

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